Coronavirus et la problématique des TIC en Afrique subsaharienne francophone
Il est désormais établi que les TIC jouent un rôle central dans les changements socio-économiques aussi bien dans les pays développés que ceux en développement. Les technologies de l’information et de la communication (TIC), regroupent les techniques utilisées dans le traitement et la transmission des informations, principalement de l’informatique, de l’internet et des télécommunications. Par extension, elles désignent leur secteur d’activité économique. La crise inédite que le monde est en train de subir de plein fouet, au de-là de sa nuisance, nous offre un large éventail d’opportunité que les pays en développement peuvent saisir pour palier les difficultés auxquelles leur population font face, et en particulier le secteur éducatif et économique, qui sont sans conteste les plus impactés. Si les pays développés ont su mettre en place des dispositifs numériques de communication et d’information pour amortir d’une certaine manière, le coût de cette crise sur les secteurs clés de leur économie, il n’en demeure pas moins que, dans les pays en développement, et plus précisément les pays les plus pauvres (Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad, etc) ces dispositifs font défaut au détriment des usagers mais aussi aux politiques.
En France, notamment, depuis le 16 mars date du premier confinement, les étudiants à travers des dispositifs numériques, dont principalement Espace numérique de travail (ENT), Bureau virtuel (BV) contribuent fortement à la poursuite des activités universitaires et scolaires. Qu’en est-il de la situation en Afrique subsaharienne ? État des lieux des TIC Aujourd’hui force est de reconnaître que l’Afrique en général, et l’Afrique subsaharienne en particulier, reste la grande victime de la « nouvelle société » tant prônée par les organisations internationales (ONU, IUT, PNUD, SMSI, BM) qui ont misé sur le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) sans se soucier des réalités socio-economico-culturelles de ces pays. Pourtant d’autres initiatives ont émergé dans certains pays africains et ont incontestablement rencontré d’énormes succès chez les usagers. On peut en citer par exemple. En Tunisie, l’enregistrement en ligne des candidats aux examens scolaires illustrent les avantages pour des citoyens vivant dans des régions éloignées, car l’enregistrement en ligne leur permet d’éviter l’investissement significatif en temps et en ressources exigé pour faire cela en personne. Au Cap Vert, les citoyens et les entreprises peuvent maintenant obtenir facilement les certificats publics en ligne, y compris des actes de naissance et des certificats d’enregistrement d’entreprise, avec le même niveau de sécurité et d’authenticité que les documents papier traditionnels. Ceci exige simplement un identifiant ID, un mot de passe, et un paiement en ligne des honoraires. Ces dispositifs ont clairement eu des résultats inédits en termes de niveaux de satisfaction des citoyens envers le gouvernement. Les projets relativement simples, tels que les projets somaliens de cartes d’e-Passeports et d’e-Identité au Burkina Faso, ont pour conséquence des documents qui sont hautement sécurisés et internationalement conformes, et sont également plus accessibles pour les citoyens que les passeports et les cartes d’identité traditionnels. L’Égypte a lancé un projet de carte de famille, liant une base de données réunissant des profils familiaux avec des subventions d’État pour des produits alimentaires. L’initiative a permis une réduction de 20% des articles alimentaires subventionnés, en même temps qu’une épargne pour les petits commerçants. La Somalie, un pays ravagé par ailleurs par la guerre, était un des premiers pays en Afrique à utiliser l’e-passeport. Les initiatives sont nombreuses et on ne saurait les énumérer toutes. Au cours de ces dernières décennies, l’usage de la téléphonie mobile et d’Internet, a connu un développement sans précédent en Afrique. La rapidité avec laquelle les Africains ont adopté ces technologies et leur prolifération sur le continent ont suscité aussi bien chez les organisations internationales que les décideurs politiques, un immense espoir pour l’entrée de l’Afrique dans le « village planétaire » et les TIC comme un moyen de sortir le continent de la marginalisation et de la pauvreté. Avec plus de 80 % de taux de pénétration mobile/souscription à un abonnement mobile, l’Afrique est aujourd’hui le premier continent en matière d’usage de la téléphonie mobile (UIT, 2019). Cependant, il est indispensable de souligner que la mise en œuvre de ces initiatives nécessitera en amont l’identification des besoins et attentes des citoyens pour une meilleure intégration de ces dispositifs (e-administration, e-gouvernance, e-commerce, etc.) dans le tissu socio-économique du pays.
Dans le cas du Niger, il est indispensable, voire urgent de penser à la mise en place de ces dispositifs numériques, pour éviter des problématiques éducatives, universitaires et économiques actuellement en cours. Aujourd’hui, les cours et certaines activités importantes sont arrêts et pourtant aucune solution technologique crédible n’est envisagée pour accompagner les étudiants et les scolaires à poursuivre leurs cours. Une bonne volonté politique axée, pas seulement sur les seuls dispositifs numériques, mais aussi sur le contenu, en partenariat avec les opérateurs téléphoniques devrait permettre un sursaut pour le secteur scolaire et universitaire.
I. MAIDAKOUALE
Université Bourgogne Franche-ComtéEquipe de recherche : Conception, Création et Médiation